sexta-feira, 15 de outubro de 2004

Para a história dos judeus da Argélia
(extracto da última entrevista de Derrida: Le Monde, 19/08/2004)

Les contingences ont fait de moi un juif français d'Algérie de la génération née avant la "guerre d'indépendance": autant de singularités, même parmi les juifs et même parmi les juifs d'Algérie. J'ai participé à une transformation extraordinaire du judaïsme français d'Algérie: mes arrière-grands-parents étaient encore très proches des Arabes par la langue, les coutumes, etc. Après le décret Crémieux (1870), à la fin du XIXe siècle, la génération suivante s'est embourgeoisée: bien qu'elle se soit mariée presque clandestinement dans l'arrière-cour d'une mairie d'Alger à cause des pogroms (en pleine affaire Dreyfus), ma grand-mère élevait déjà ses filles comme des bourgeoises parisiennes (bonnes manières du 16e arrondissement, leçons de piano...). Puis ce fut la génération de mes parents : peu d'intellectuels, des commerçants surtout, modestes ou non, dont certains exploitaient déjà une situation coloniale en se faisant les représentants exclusifs de grandes marques métropolitaines : avec un petit bureau de 10 mètres carrés et sans secrétaire, on pouvait représenter tout le "savon de Marseille" en Afrique du Nord - je simplifie un peu. Puis ce fut ma génération (une majorité d'intellectuels : professions libérales, enseignement, médecine, droit, etc.). Et presque tout ce monde en France en 1962. Moi, ce fut plus tôt (1949). C'est avec moi, j'exagère à peine, que les mariages "mixtes" ont commencé. De façon quasi tragique, révolutionnaire, rare et risquée.

Não é interessante, Nuno?